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Attributions

L’attribution, dans ce contexte, signifie l’interprétation que l’intervenant fait des comportements de l’élève, en quelque sorte l’hypothèse fonctionnelle. Elle peut être le résultat d’une réflexion et d’observations préliminaires, mais aussi découler d’expériences précédentes ou de processus s’apparentant à une intuition. Les comportements d’autostimulation chez les élèves polyhandicapés présentent généralement une fonction automatique. Cependant, dans bien des situations, il est constaté qu’en l’absence d’une analyse comportementale, les intervenants ont tendance à attribuer une autre fonction, plus typique d’autres populations.

Fonction d’attention sociale

C’est typiquement la première hypothèse des équipes face à ce type de comportement, même lorsqu’elles savent que statistiquement, c’est moins probable. L’autostimulation, si elle n’est pas remarquée par l’entourage, n’est généralement pas problématique. Par exemple, un élève qui taperait doucement du pied ou qui bougerait discrètement ses mains. Dans ces cas, il n’y a pas d’enjeu particulier et cela passe inaperçu. En revanche, lorsque le comportement prend de l’ampleur (par exemple taper des mains constamment au lieu de petits mouvements), l’entourage est dérangé. Les adultes le remarquent et réagissent. Lorsqu’une analyse est menée, ce phénomène est relevé et l’hypothèse de l’attention sociale est souvent mise de l’avant. En raison de ce mécanisme (intervenants qui s’auto-observent et déduisent une fonction sociale), il est fréquent qu’il y ait une fausse attribution sociale à un comportement qui a en réalité une fonction automatique.

Fonction d’évitement

Un autre risque fréquent est de croire que l’autostimulation traduit un refus ou une opposition à la tâche proposée. Par exemple, certains élèves se balancent, vocalisent ou se mordillent au moment où une activité exigeante leur est présentée. Sans analyse approfondie, on peut conclure trop vite que le comportement vise à fuir la tâche, alors qu’il s’agit parfois d’une stratégie d’autorégulation pour tolérer la difficulté, qu’il apparaît en situation sociale, ou encore que le comportement était présent avant que la tâche ne soit proposée mais n’avait pas été remarqué, faute d’un accompagnement direct de l’élève à ce moment-là.

Fonction d’obtention

Lorsqu’un élève présente de l’autostimulation, on peut aussi croire à tort qu’il s’agit d’une demande d’objet ou d’activité, surtout si, pour apaiser la situation, on lui offre quelque chose qui le calme. Cette réaction bien intentionnée crée une fausse attribution : le comportement est perçu comme une communication volontaire alors qu’il était probablement d’abord sensoriel. En donnant accès à un objet, l’adulte ajoute une nouvelle fonction sociale au comportement, qui se retrouve renforcé à la fois de façon interne et externe. Cette confusion complique l’évaluation, car elle masque la véritable fonction et peut mener à des interventions qui entretiennent plutôt que de réduire le comportement. Elle peut aussi ajouter une nouvelle fonction (obtention) à des comportements qui étaient initialement de l’autostimulation, leur donnant ainsi plusieurs voies de renforcement.