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Démarche générale

L’évaluation fonctionnelle commence par une description claire et observable du comportement (opérationnalisation), formulée de façon à pouvoir être mesurée de manière constante par les différents intervenants. Il faut donc bien identifier quel est l'enjeu et se mettre en accord sur ce qui doit être développé ou amélioré.

On peut d'abord y aller de manière informelle et participative; se familiariser avec l'élève et son environnement est une étape importante lorsque le contexte le permet. L'accompagner directement, plutôt qu'avec le recul de l'observateur, peut permettre de se mettre à sa place et avoir une perspective importante sur l'enjeu. Cela permet aussi de constater la forme précise du comportement, sa fréquence ou sa durée de manière très générale. Ouis on recense les contextes où il se manifeste le plus et ceux où il disparaît. Cette première collecte permet déjà de dégager des indices : un comportement qui surgit surtout en transition, par exemple, laisse présager une fonction différente de celui qui apparaît dans les moments calmes.

La démarche se poursuit sur le terrain avec des outils d’observation adaptés. La grille de fréquence, qu’on peut remplir à intervalles courts ou par grandes périodes, sert à repérer les créneaux et à dresser une ligne de base chiffrée. La grille de durée mesure, elle, le temps que l’épisode occupe, indispensable lorsque le comportement se prolonge. Les grilles ABC ajoutent le regard qualitatif en notant les événements qui précèdent le comportement, la réaction de l’entourage et, dans la version CI, la pertinence du contexte ainsi que l’intention possible du geste. Pour une clientèle polyhandicapée, une analyse de l'état de santé et de confort est généralement aussi indiquée.

Au fil des observations, on formule puis on affine une hypothèse : le comportement sert-il à obtenir de l’attention, à échapper à une tâche, à accéder à un objet ou à s’autostimuler ? On la teste en confrontant les données : la fréquence baisse-t-elle lorsqu’on retire le déclencheur ou lorsqu’on offre un moyen de communication alternatif ? Si les chiffres confirment l’hypothèse, on définit alors un comportement de remplacement qui donnera à l’élève la même fonction sans les inconvénients du comportement problème. 

Tout au long du processus, on reste attentif à la faisabilité : la grille choisie doit être réaliste dans l’horaire de la classe et tenable par le personnel disponible. Une observation trop lourde finit inévitablement par se relâcher et entraîne des données peu fiables. Mieux vaut une collecte simple mais soutenue qui, une fois convertie en graphique, montre d’un coup d’œil l’efficacité ou non d’une intervention. Ajustée régulièrement, cette démarche fournit un cadre solide pour comprendre le comportement, vérifier l’effet des stratégies mises en place et, surtout, améliorer concrètement la qualité de vie de l’élève polyhandicapé et de son entourage scolaire.