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Principes de base

Comprendre la fonction d’un comportement problématique est la première étape pour intervenir efficacement : si l’on s’attaque seulement à la forme extérieure du geste, on risque non seulement d’échouer, mais aussi de renforcer, sans le vouloir, ce que l’on voulait voir disparaître. L’analyse fonctionnelle vise donc à dévoiler le « pourquoi » qui se cache derrière le « quoi ». Elle permet de remplacer les interprétations subjectives – « il fait ça pour provoquer » – par des données observables qui guident un plan d’intervention précis et mesurable. C'est la démarche centrale pour permettre de comprendre le comportement d'un élève polyhandicapé.

Le cadre le plus utilisé se résume au modèle A-B-C. A pour antécédent : l’événement ou la condition immédiate qui précède le comportement ; il peut s’agir d’une demande scolaire, d’un changement de routine, d’un bruit soudain ou d’un facteur physiologique. Ce sont souvent des facteurs qui relèvent de l'environnement. B pour comportement : la description objective de l’acte lui-même – un coup de pied, un cri, un auto-mordillement. Lorsque possible, on le définit en termes de fréquence, de durée ou d’intensité. C pour conséquence : ce qui arrive tout de suite après et qui, avec le temps, augmente la probabilité que le comportement se reproduise. En collectant plusieurs séquences A-B-C dans divers contextes, on fait émerger un pattern qui éclaire la fonction réelle du comportement.

La littérature décrit généralement quatre fonctions principales, auxquelles s’ajoute souvent la composante douleur : la recherche d’attention sociale, l’évitement ou la fuite d’une tâche ou d’une situation aversive, l’accès tangible à un objet ou à une activité désirée, et enfin la stimulation sensorielle automatique qui procure un apaisement ou une sensation plaisante interne. À noter que dans une population neurotypique, l'attention sociale, l'évitement ou l'accès tangible sont disporportionnellement représentés. Chez les élèves polyhandicapés, cette tendance est inversée; davantage d'enjeux comportementaux ont une fonction automatique.

L’évaluation fonctionnelle examine trois volets indissociables: d’abord, les antécédents, soit tout ce qui se passe immédiatement avant le comportement et qui pourrait le déclencher ou l’alimenter; ensuite, une description précise et objective du comportement lui-même, soit sa forme, sa durée, sa fréquence; enfin, les conséquences qui suivent le comportement et contiennent souvent le renforcement qui le maintient. En reliant systématiquement ces trois éléments, on identifie la relation de cause à effet (ou de corrélation) qui explique pourquoi le comportement persiste.